Temps de lecture : environ 5 minutes
Bonjour et bienvenue dans cette 30e édition de l’infolettre Impact Formation !
Actualités
Nouvelles dates pour le programme de certification Learning Transfer Designer ! La deuxième session en français débutera le 15 septembre 2025. Les inscriptions sont ouvertes.
La 4e édition du Grand livre de la formation (éditée chez Dunod) paraîtra en mai. J’ai à nouveau rédigé le chapitre consacré à l’évaluation. Ce livre est reconnu comme une référence des ouvrages consacrés à la formation, abordant de nombreux sujets et faisant appel à une grande variété de contributeurs.
Analyser ses données avant de les exposer
Le constat est clair : dans bien des rapports d’évaluation, on aligne des chiffres, on affiche des taux, on insère quelques graphiques… mais on reste désespérément flou sur ce que cela signifie vraiment.
À force de vouloir “laisser parler les données”, on finit par ne rien dire. Par peur d’interpréter ou de mal juger, on préfère s’en tenir à des faits bruts. Résultat : les rapports sont partagés sans être lus, les décisions sont prises sans eux, et l’évaluation perd en utilité.
Et pourtant, vous avez passé du temps sur ces données. Vous les avez analysées, interrogées, débattues. Vous avez vu des tendances, entendu des témoignages, perçu des signaux faibles. Vous êtes sans doute la personne la mieux placée pour proposer une lecture claire de ce qui s’est passé… et de ce que cela implique pour la suite.
Alors, comment passer d’un rapport froid à une lecture utile ? Et comment assumer un point de vue sans travestir les faits ?
Dans cette édition, je vous propose une méthode concrète pour analyser vos données avant de les exposer et transformer vos restitutions en véritables leviers d’action.
Donner du sens avant de donner des chiffres
Les décideurs n’ont ni le temps ni l’envie de deviner ce que vos données essaient de dire. Ce qu’ils attendent, ce n’est pas seulement un état des lieux, mais un éclairage : qu’est-ce que l’on doit comprendre ? Qu’est-ce que ça change ?
Prenons un exemple. Vous affichez un taux de transfert de 68 %. C’est bien, mais est-ce que c’est satisfaisant ? Est-ce en hausse ? En baisse ? Quelles sont les différences selon les métiers, les services, les types de formation ? Sans analyse, ce chiffre reste suspendu dans le vide.
Un bon rapport commence toujours par une intention claire :
“Ce que nous apprennent ces résultats, c’est que l’accompagnement postformation a un effet majeur sur le transfert. Là où il est bien fait, les scores grimpent à 85 %. Là où il est absent, on tombe à 40 %.”
Là, vous devenez un allié stratégique, pas un simple fournisseur de données.
Pourquoi les rapports tombent (souvent) à plat
Dans beaucoup d’organisations, les rapports sont techniques, neutres, parfois froids. On empile les indicateurs, on respecte la forme, mais on oublie de guider la lecture.
Les écueils fréquents :
On présente sans interpréter, en pensant que c’est plus “objectif”.
On accumule les chiffres, sans hiérarchie claire.
On n’explique pas le contexte, ce qui rend les résultats difficiles à situer.
Prenons un exemple réel : un tableau de bord indique une satisfaction moyenne de 91/100 sur 18 programmes. C’est excellent. Mais que faire de cette info ? Qu’est-ce qui a été particulièrement apprécié ? Quel lien avec l’efficacité réelle ? En l’absence d’analyse, ce chiffre impressionne… mais n’aide pas à agir.
Et le pire ? Conclure par : “À vous d’en tirer les enseignements.” Exactement ce que les lecteurs espéraient que vous fassiez pour eux.
Mon approche : assumer son rôle d’interprète
Vous avez mené l’évaluation, vous connaissez le contexte, vous avez lu les verbatims, vu les tendances. Vous êtes la personne la mieux placée pour proposer une lecture des résultats.
Alors, au lieu de rester dans une posture neutre et prudente, posez une hypothèse. Exprimez un point de vue. Ouvrez une piste de lecture.
Par exemple :
“Ce programme semble particulièrement efficace lorsqu’il est soutenu par un management de proximité.”
Ou encore :
“Les compétences visées ont bien été intégrées, mais leur mise en œuvre est freinée par des contraintes organisationnelles.”
Ce type de lecture orientée, sans jamais forcer le trait, permet aux destinataires de comprendre, d’agir, et parfois… de vous remercier.
Passez à l’action
Voici quelques pratiques concrètes pour donner du sens à vos résultats avant de les exposer :
Notez ce que vous avez réellement appris : avant de rédiger quoi que ce soit, prenez 10 minutes pour répondre à cette question : “Que me disent vraiment ces données ?”
Formulez une idée centrale : partez d’une phrase forte que vous aimeriez faire passer. Exemple : “Ce n’est pas la modalité qui fait la différence, mais la posture du manager.” Cela orientera toute votre restitution.
Croisez les sources pour enrichir votre lecture : données quantitatives, témoignages, comparaisons, observations… plus votre lecture est ancrée, plus elle est crédible. Discutez aussi avec d’autres acteurs du projet : formateurs, commanditaires, managers. Ont-ils la même lecture que vous ? Cela vous aidera à nuancer et à enrichir votre point de vue.
Appuyez chaque constat sur une recommandation : ne vous contentez pas de dire ce qui est. Proposez des pistes d’action. Même simples. C’est cela, votre valeur ajoutée.
Assumez votre rôle : vous n’avez pas la vérité. Mais vous avez une lecture utile. Ne la masquez pas derrière une prudence excessive.
Un bon rapport ne se contente pas de montrer des résultats : il les éclaire, les relie à l’action, et donne envie d’agir. En assumant une posture d’interprète rigoureux, vous sortez du rôle de technicien pour devenir un partenaire stratégique.
Et ça, c’est exactement ce dont les décideurs ont besoin.
À bientôt pour une nouvelle édition,
Jonathan
P.S. : si vous avez apprécié cette édition, n’hésitez pas à cliquer sur le cœur et à la partager avec votre entourage professionnel.
Quand vous le souhaiterez, je peux vous aider de trois manières :
Le livre L’évaluation de la formation : qualifié d’utile et pragmatique par les lecteurs des trois premières éditions (plus de 6 000 exemplaires vendus). La quatrième édition, coécrite avec Jean-Luc Gilles, présente une refonte de 80 % du texte.
Programmes de certification : le moyen le plus efficace pour monter en compétences sur l’évaluation de l’impact des formations (Kirkpatrick) ou le transfert des apprentissages (Learning Transfer Designer). Vos formations prendront une nouvelle dimension. Et vous aussi.
Conseil sur demande : le moyen le plus simple et accessible pour avancer sur l’une de vos problématiques. D’autres prestations sont également possibles.